Des chiffres qui mettent à nu l'état du 7e Art marocain

«C'est un rendez-vous réalisé pour débattre du bilan cinématographique, livré par le CCM, et des chiffres enregistrés par rapport aux autres années concernant l'exploitation, la distribution, les entrées, les recettes, le nombre des salles, des écrans et autres», a souligné Adil Semmar en introduction de la conférence, tenue, jeudi dernier, à la Bibliothèque nationale du Royaume.
Des professionnels dans le secteur, de plus en plus désintéressés par le sujet, cèdent la place à des critiques d'art, responsables au CCM et observateurs, dont les avis restent mitigés et diffèrent de l'un à l'autre, faute d'une analyse plus ou moins approfondie de ces chiffres et d'une réflexion pour des solutions concrètes. Alors que le thème lui-même devrait prendre une autre ampleur, vu son importance sur le plan artistique et culturel, ainsi que la portée du budget dont il bénéficie. Mais, les chiffres des entrées relevées restent un indice assez fiable pour connaître le type de films pour lesquels optent les Marocains. « Il faut seulement souligner que la majorité de ceux qui fréquentent les salles de cinéma sont des jeunes ».

Driss Jaidi, un habitué de cette rencontre, s'est plus attardé sur le nombre des salles qui a connu une régression catastrophique de l'année 2000 à 2009, il a baissé de 149 à environ 40. « Si on se réfère aux statistiques du CCM, celui-ci parle plutôt d'écrans que de salles. Donc, au lieu des 40 salles, ce sont 77 écrans », souligne M.Jaidi.

En parallèle des salles, la billetterie a été, aussi, touchée, avec 2.638,707 entrées en 2009, au lieu de 11.614,845 en 2000. Un taux qui n'est pas équitablement distribué à travers le Maroc, vu que les 50% des salles que nous possédons se trouvent à Casablanca. Les autres sont dispatchées dans les grandes villes (3 à 5) et petites villes (1 à 3). A la fin de son intervention, il s'est posé la question concernant les 150 écrans que le CCM a promis de réaliser dans les prochaines années. «Je ne sais pas comment et quand ce projet connaîtra le jour et par quels moyens, alors que nous assistons continuellement à des fermetures de salles ? Puis, quel est ce public qui va remplir ces salles ? ». Une question qui donne à réfléchir. Mais, hormis ces chiffres alarmants et désolants, le cinéma marocain a connu une évolution quant à sa production annuelle qui s'élève cette année à 15 longs-métrages et 4 courts-métrages. Un volet relevé par Mourad Lefhel qui a consacré son exposé aux différentes couvertures médiatiques dont profite un nouveau film marocain. « Il y a d'abord la couverture des deux chaînes marocaines qui ne porte aucune critique et reste une promotion pour celui-ci. C'est une lecture positive sans commentaire. Celle des journaux est dictée selon les idéologies de chacun. Mais, ce que nous remarquons, ce sont plutôt les côtés tabous qui prennent le dessus, jamais ou pratiquement rarement le volet technique ou artistique du film. Il reste un troisième organe médiatique très prisé par les jeunes, à travers lequel un dialogue continue est maintenu entre jeunes, mais aussi des chercheurs professionnels, grâce auquel on peut très bien tâter le pouls de ce qui se passe dans la société. Mais, c'est en général la nature du sujet qui nous donne le thermomètre », souligne-t-il. 



Le critique d'art, Khalid Damoun, a soulevé, dans son intervention, le problème de spécialisation et du manque de confiance. « Pour les 15 films de l'année 2009, 14 d'entre eux sont écrits par les réalisateurs eux-mêmes. Côté technique, la majorité de nos réalisateurs et producteurs n'ont pas confiance dans les techniciens marocains et font appel à des monteurs et directeurs de photos étrangers ». K. Damoun a souligné, par là même l'absence, dans les médias, de pages consacrées entièrement au cinéma. « Les critiques de cinéma n'ont plus de place dans les journaux ni dans les émissions de TV et Radio. Alors que la direction du CCM nous reproche de ne plus faire notre travail».


 Ayant qualifié cette initiative d'une bonne occasion pour discuter de l'état actuel du cinéma marocain, le secrétaire général du CCM, M.Stitou, a procédé à quelques réctifications des chiffres déjà annoncés, concernant le nombre (qui peut, selon lui, changer d'un jour à l'autre) des salles qui est de 54 et non 40. « La réalisation des 150 écrans est un projet entre le gouvernement et les professionnels. Pour le moment, il est en veilleuse, mais il tient toujours. Par contre, il y a des salles qui ouvriront bientôt, dont une à Salé, une à Tanger, une à Martil, une à Khouribga et deux à Ouarzazate, puis un projet de duplex à l'Agdal (Rabat).

Pour les impôts, contrairement à ce qui a été annoncé par les distributeurs et propriétaires de salles, ceux-ci ont baissé de 50 à 21%. Il y a même un projet pour les éliminer et les remplacer par une TVA récupérable de 7% », précise M.Stitou.


Abdelilah Jouahri, concepteur et animateur d'une émission TV, n'a pas manqué de souligner le rôle de son émission qui consiste uniquement à faire connaître le nouveau produit cinématographique au public marocain, afin de le motiver à aller le voir dans les salles. «Notre rôle se limite ici, c'est aux critiques de faire la lecture du film. Bien sûr là, elle doit être fondée et il faut que le critique soit un professionnel dans le domaine ».
A la fin de cette rencontre, Brahim Ighlan de la Bibliothèque Nationale, a déploré le nombre excessifs des manifestations dont la majorité n'a pas lieu d'être, vu la médiocrité de leur organisation et l'absence d'une technique adéquate.

Exploitation et distribution cinématographiques

Le Bilan cinématographique-2009 nous renvoie sur les chiffres relevés au cours de cette année en comparaison avec les années précédentes. Concernant les autorisations de tournage, l'année 2009 est sortie avec 29 autorisations pour les longs-métrages, 28 pour les téléfilms, 80 pour les courts-métrages, 7 pour les moyens-métrages, 16 pour les séries, 59 pour les documentaires, 4 pour les sit-com, 44 pour le film institutionnel. La fréquentation des salles arrive en 2009 à 2.638,707. Le Box office par films nous rend compte sur les entrées enregistrées l'année dernière positionnant « Casanegra » en première place avec 214.473 entrée, suivi de «Amours Voilées » avec 179.341, puis « EX Chamkar » avec 106.696. Quant aux parts du marché des entrées par nationalités, les USA arrivent, en 2009, en première place, suivis du Maroc, l'Inde, l'Egypte, puis la France.



D'autres chiffres

  • Rencontres, festivals, prix: 52 festivals et rencontres organisés au Maroc
  • 78 participations: 22 prix provenant de festivals à caractère régional ou continental.
  • Avance sur recettes en 2009: 52.050.000 dirhams
Par Ouafaâ Bennani | LE MATIN





تعليقات

‏قال ikinew
on a réalisé entre 40 et 50 cpurts métrages en 2009 .