Erdogan attaque Israël, "principale menace pour la paix"


La Turquie est traditionnellement le principal allié d'Israël dans le monde musulman. Mais les relations entre les deux pays se sont détériorées depuis la guerre à Gaza fin 2008 et début 2009.
  • Le Premier ministre israélien condamne les "attaques" répétées de la Turquie 
  • Erdogan balaie les critiques d'Israël, qui ne se remet "jamais en cause 
  • Sarkozy promet à Erdogan de venir en Turquie à partir de la fin de l'année
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a violemment attaqué Israël, qualifié de "principale menace pour la paix" au Proche-Orient, mercredi au cours d'une visite à Paris, marquée par de profonds désaccords avec Nicolas Sarkozy sur l'Union européenne et l'Iran.
"C'est Israël qui est la principale menace pour la paix régionale", a-t-il déclaré à quelques journalistes, avant un déjeuner de travail avec le président français.
A Jerusalem, son homologue israélien Benjamin Netanyahu a immédiatement déploré qu'"Erdogan choisisse tout le temps d'attaquer Israël". "C'est une répétition regrettable qui à mon avis ne sert pas les intérêts de la stabilité, ni de l'amélioration des relations dans notre région", a-t-il dit.
La Turquie est traditionnellement le principal allié d'Israël dans le monde musulman. Mais les relations entre les deux pays se sont détériorées depuis la guerre à Gaza fin 2008 et début 2009.
"Si un pays fait usage d'une force disproportionnée, en Palestine, à Gaza, utilise des bombes au phosphore, nous n'allons pas dire "bravo". Nous lui demandons comment il peut agir de la sorte", a-t-il affirmé. "Il y a eu une attaque qui a fait 1.500 morts (à Gaza) et les motifs invoqués sont des mensonges", a-t-il ajouté.
"Goldstone est juif et son rapport est clair", a-t-il poursuivi, en référence au rapport demandé par l'ONU au juge sud-africain Richard Goldstone, qui a accusé Israël mais aussi des groupes palestiniens d'avoir commis des crimes de guerre pendant l'Opération "Plomb durci" à Gaza.
Ce réquisitoire contre Israël fait suite à de nombreux accrochages verbaux entre les deux alliés, qui entretiennent une large coopération, y compris militaire.
Encore mardi soir, la Turquie avait condamné des déclarations attribuées au chef de la diplomatie israélienne, Avigdor Lieberman, comparant Recep Tayyip Erdogan à des dirigeants controversés comme le Libyen Mouammar Kadhafi et le Vénézuélien Hugo Chavez.
Le Premier ministre turc, dirigeant du parti islamo-conservateur AKP, était à Paris pour plaider une fois de plus en faveur de l'adhésion de son pays à l'UE. L'hostilité de Nicolas Sarkozy à une adhésion turque est à l'origine des relations difficiles entre les deux hommes, qui n'ont pas prévu de s'exprimer ensemble publiquement mercredi à l'issue de leurs discussions.
"Je ne désespère pas. Je pense que M. Sarkozy peut réviser son approche", a cependant assuré le Premier ministre turc, avant leur rencontre.
Il a énuméré les arguments en faveur de l'adhésion, comme le rôle que peut jouer la Turquie comme pont entre l'Occident et le monde musulman, et insisté sur le niveau d'avancement de son pays dans les réformes.
Candidate de longue date à l'adhésion, la Turquie n'a engagé des négociations d'adhésion qu'en 2005, mais celles-ci se heurtent à l'hostilité générale de certains pays mais aussi à des obstacles plus concrets, comme la question chypriote.
La France et l'Allemagne lui proposent un partenariat privilégié plutôt qu'une pleine adhésion.
Les deux dirigeants devaient aussi aborder un autre sujet de désaccord, les sanctions contre l'Iran, soupçonné de vouloir se doter de l'arme atomique.
La Turquie, actuellement membre du Conseil de sécurité de l'ONU, y est opposée, alors que la France, comme les autres Occidentaux, plaide pour un troisième train de mesures de rétorsion contre Téhéran.
"Jusqu'à présent, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a parlé de probabilités et pas de certitudes" sur les visées militaires du programme iranien, a dit M. Erdogan. "Il n'est pas question de mettre un pays en accusation sur des probabilités", a-t-il ajouté.
Sarkozy promet à Erdogan de venir en Turquie à partir de la fin de l'année
Le président français Nicolas Sarkozy a promis mercredi au Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan qu'il se rendrait en Turquie au début de la présidence française du G20 qui débute en novembre prochain, selon le palais présidentiel de l'Elysée.
Le président français a accepté l'invitation du chef du gouvernement turc à visiter la Turquie et devrait s'y rendre "rapidement après le début de la présidence française du G20 (...) pour poursuivre la coopération entre les deux pays", a indiqué la présidence française sans plus de détail, à l'issue d'un déjeuner entre les deux dirigeants.
Lors de leur entretien, MM. Sarkozy et Erdogan ont rappelé leurs positions respectives sur l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne (UE) et convenu de "renforcer la coopération entre la Turquie et la France dans tous les domaines, y compris économique", a fait savoir la même source.
Le chef du gouvernement turc a quitté l'Elysée après une heure trois quarts d'entretien sans faire de déclaration à la presse.
Depuis son arrivée au pouvoir en mai 2007, Nicolas Sarkozy a fait de la France l'un des plus farouches opposants à l'entrée de la Turquie dans l'UE, estimant notamment qu'elle ne fait pas géographiquement partie de l'Europe.
Avant les élections européennes de juin 2009, il avait répété que l'Europe devait cesser de "se diluer dans un élargissement sans fin" et que la Turquie, un pays musulman de 71 millions d'habitants, n'avait "pas vocation à (en) devenir membre".
Avant sa rencontre mercredi avec le chef de l'Etat français, M. Erdogan avait confié à la presse qu'il ne "désespère pas" de faire changer d'avis Nicolas Sarkozy.
Le Premier ministre turc devait regagner son pays mercredi soir après une réunion publique avec la communauté turque de France.
Erdogan balaie les critiques d'Israël, qui ne se remet "jamais en cause"
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a balayé mercredi à Paris les critiques israéliennes, formulées après sa violente attaque contre l'Etat juif, estimant que ce dernier ne se remettait "jamais en cause".
"Il n'y a aucune déclaration à laquelle ils n'ont pas réagi, ils ne se sont jamais remis en cause jusqu'à maintenant, il n'y a pas une seule journée au monde où il n'estiment pas avoir raison", a-t-il dit à des journalistes, en marge d'une réunion avec des patrons, organisée par le Mouvement des entreprises de France (Médef).
Dans la matinée, le Premier ministre turc, en visite à Paris, a affirmé qu'Israël était "la principale menace pour la paix régionale" au Proche-Orient. Revevant sur la guerre à Gaza, fin 2008 et début 2009, il a ajouté que cette opération militaire israélienne était fondée sur "des mensonges".
M. Erdogan s'exprimait en turc, et ses propos étaient traduits en français. "Nous sommes intéressés à entretenir de bonnes relations avec la Turquie et je regrette qu'Erdogan choisisse tout le temps d'attaquer Israël", a immédiatement déploré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
"C'est une répétition regrettable qui à mon avis ne sert pas les intérêts de la stabilité, ni de l'amélioration des relations dans notre région", a-t-il ajouté.
AFP.

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